CERVOISE DU SOIR …
Lorsque le soir descend doucement sur la ville, Que les réverbères s'allument un par un, Je suis envahi d'une nostalgie subtile Et je sors de chez moi respirer les parfums De ce brouillard humide qui m'est familier. Et mes pas me guident toujours au même endroit, Je traverse la rue, j'entre sans hésiter Dans ce bar dont je pousse la porte de bois. Je vais m'installer tout au fond, dans la pénombre, J'observe les clients, j'en salue un parfois. Je sais que j'oublierai bientôt les heures sombres : Dans quelques instants elle sera devant moi.
Je l'imagine déjà, blonde, brune ou rousse, Elle saura éveiller mes sens endormis. J'admirerai d'abord sa couronne de mousse, Promesse d'un délice onctueux infini. Sous cette blancheur, la couleur chaude et ambrée M'invitera à la connaître davantage. Je m'approcherai d'elle et je serai piégé Par les arômes envoûtants qui s'en dégagent. Et je n'entendrai plus alors, tout alentour Les bruits des verres qui se choquent et les rires. Il n'y aura plus qu'elle et ce sera mon tour De succomber ainsi aux gorgées de plaisirs. Je saisirai la lourde chope à pleine main Et la porterai à mes lèvres impatientes. Jouissance de la langue et du palais, enfin, Sa texture et son amertume qui me hantent ! Elle aura le goût du bonheur et de la nuit, Des soirs de fête ou des journées de solitude, Du monde que l'on refait avec des amis Des souvenirs communs, rassurante habitude.
La voix du serveur me sort de ma rêverie : Il vient de m'apporter l'objet de ma passion. Je lui fais un sourire et je le remercie. Je vais pouvoir déguster ma bière pression… |
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